Quand la concertation avance à distance !

 Le confinement et les mesures barrières et de distanciation physique sont venus interrompre certaines des dynamiques de concertation que l’Ifrée accompagne. Pour les commanditaires qui l’ont souhaité nous avons déployé des moyens de réunions « distancielles » pour poursuivre les démarches engagées.

C’est ce qui s’est passé pour la concertation en cours sur la cohabitation des activités dans les marais de l’île d’Oléron. Deux réunions s’étaient déjà tenues sur l’île, rassemblant les producteurs concernés (ostréiculteurs, éleveurs, sauniers) et les acteurs institutionnels (collectivités, gestionnaires d’espaces…). La problématique porte sur les espaces en déprise dont la valeur écologique diminue et qui sont le siège de nuisances (sangliers en trop grande quantité qui font des dégâts, plantes exotiques envahissantes qui se développent). La collectivité souhaiterait pouvoir les entretenir en partie par du pâturage (la fauche mécanique n’étant pas toujours possible et souhaitable dans cette zone). Cela demande des précautions pour ne pas impacter les productions ostréicoles et salicoles en aval, précautions qui doivent être définies lors de cette concertation.

La première réunion de travail était centrée sur l’identification des enjeux de chaque type d'activité et l’élaboration d’un calendrier partagé de l’utilisation du marais. La deuxième, qui a fait l’objet d’apports par des experts, a permis d’approfondir les connaissances des mécanismes de contamination microbiologique et des zonages de protection ostréicoles, et de développer les pistes d’actions possibles.

Pour la troisième réunion, initialement prévue en présentiel elle aussi et qui ne pouvait être reportée à cause du calendrier interne de la collectivité, le travail a été réorganisé pour s’adapter aux conditions du distanciel. Ainsi, plutôt qu’un travail d’approfondissement sur les pistes comme prévu initialement, nous avons proposé de préparer un cadre de référence reprenant l’ensemble des contributions des acteurs lors des deux premières réunions et de proposer ainsi un travail de validation/amendement sur les points saillants, plus facile à mener dans les conditions du travail à distance.

Cette modalité a été appréciée car elle mettait en évidence ce qui avait été produit lors des deux premières réunions et restituait sans les déformer les idées des acteurs. Elle a permis d’identifier les points d’accord, de revenir sur les éléments auxquels les acteurs tiennent particulièrement comme la dynamique d’expérimentation sur une partie du territoire concerné et les points qui restent à creuser comme l’élaboration d’un protocole de suivi de la pollution des eaux dans le marais.

Malgré l’important travail de préparation de la séance, des craintes demeuraient sur la participation réelle des acteurs, avoue Cécile Malfray, chargée de mission à l’Ifrée, mais tant les ostréiculteurs que les éleveurs ont répondu présent.

La visio-conférence assortie du système de conversation écrite (chat) permet à la fois de gérer la relation au groupe et à chacun, puisque l’animatrice peut mettre un message pour résoudre un problème technique sans interrompre le cours de la réunion ou indiquer à une personne qu’elle lui donnera bientôt la parole…

Ces outils permettent, dans une certaine mesure, de compenser ce qui peut se jouer dans la présence physique avec les participants, cela a sans doute été facilité par le fait que des réunions en présentiel avaient pu se tenir au préalable et que les acteurs se connaissaient… Cette expérience nous montre que « Les outils numériques nous apportent une alternative intéressante, mais ils ne remplacent pas les possibilités offertes par le travail en présentiel. ».