L’Ifrée a mené, en partenariat avec le GERDAL (Groupe d’Expérimentation et de Recherche : Développement et Actions Locales), un travail visant à aider les chargés de mission « eau » à accompagner les collectifs agricoles dans l’évolution de leur système de production au regard de l’impératif de la transition écologique.
Cette action, soutenue par les Agences de l’eau Loire-Bretagne et Adour-Garonne et la Région Nouvelle-Aquitaine, s’est déroulée entre 2020 et 2023.
Le constat de départ était celui des limites rencontrées par l’approche individualisée des incitations aux changements de pratiques agricoles, pointé notamment par certaines évaluations de programmes Re-Sources (programme de protection volontaire de la ressource en eau souterraine) et des travaux de recherche.
Au moins deux limites étaient identifiées :
- Les changements de pratiques culturales individuelles à la parcelle, constatés depuis plusieurs années, ne produiraient pas les améliorations attendues du fait, sur certains secteurs, de l’augmentation de la SAU (Surface Agricole Utile) dédiée aux grandes cultures et à la persistance de rotations courtes et d’assolements « à risque ». C’est donc plus la modification des assolements et l’allongement de la durée des rotations qui seraient à rechercher, confrontant directement les agriculteurs à une prise de risque plus importante et intégrant dans la résolution de l’équation les autres acteurs des filières de récolte et de distribution.
- Lorsque la prise de risque devient ainsi très importante et les gains potentiels incertains (ou perçus comme tels) l’accompagnement au changement se confronte à ce que l’on nomme « le principe d’aversion aux risques » qu’il ne semble pas évident de dépasser avec les moyens mobilisés actuellement par les programmes territoriaux.
Le GERDAL a apporté son expérience dans l’accompagnement des dynamiques d’innovation, sa connaissance des facteurs de l’évolution des pratiques professionnelles dans le monde agricole, ainsi que son regard réflexif permettant la production de repères sur ce sujet.
L’objectif était d’élargir la compréhension et la prise en compte des facteurs qui jouent sur la possibilité ou pas pour les agriculteurs d’enclencher des changements, en faisant l’hypothèse que, dans les programmes d’actions de reconquête de la qualité de l’eau actuels, ces facteurs ne sont pas clairement identifiés et ne sont donc pas travaillés.
Nous nous sommes appuyés sur un groupe de travail réunissant 12 personnes au titre de 10 structures (SERTAD ; Eaux de Vienne ; Eau 17 ; Chambre d'agriculture de la Charente-Maritime ; SIAEP Nord-Ouest Charente ; Coop de Mansle ; SBVNé ; EPTB Charente ; SMAEP 4B ; SGBV du Moron, Blayais, Virvée et Renaudière), à qui des temps de formation, d’échange et d’analyse des situations ont été proposés au fil de ces 3 années de travail.
Claire RUAULT, sociologue et coordinatrice du GERDAL, a produit un rapport de synthèse de ces travaux et des enseignements de la démarche, intitulé : « Evolution des modes de production agricoles en faveur de la préservation de la ressource en eau : où sont les « freins au changement » ? – Réflexion sur les limites de l’intervention centrée sur l’animation agricole – Synthèse des travaux menés dans le cadre du partenariat Ifrée-Gerdal avec les chargé.e.s de mission des programmes Re-Sources ».
Ci-dessous, le sommaire de ce rapport d’étude de 40 pages + 63 pages d’annexes, diffusé aux membres du groupe de travail et aux financeurs :
- La démarche de travail : une réflexion collective basée sur l’expérience pratique d’intervention des animateurs agricoles de bassins versants
1.1 Rappel des objectifs
1.2 Une combinaison de modalités de travail
- Ce que changer veut dire : quelques bases pour raisonner les processus d’évolution des pratiques en agriculture
2.1 Dynamiques agricoles, qu’entend-on par-là ? Eléments d’une lecture compréhensive du changement
2.2 Conséquences sur la manière de raisonner l’appui aux agriculteurs
- S’arrêter sur la réalité des situations d’intervention : difficultés et questionnements des agents en charge des programmes « d’action sur l’eau »
3.1 Des questions de méthode et de dispositifs de travail auprès des agriculteurs
3.2 Des questions de cadre d’intervention et de positionnement des « animateurs eau » dans le système d’acteurs du développement agricole
3.3 Un manque de partenariat effectif entre « acteurs de l’eau » et autres intervenants auprès des agriculteurs : OPA, entreprises d’amont et d’aval
3.4 La dimension économique des évolutions de systèmes de production et le lien avec les filières ne sont pas assez pris en compte
3.5 Un portage politique pas suffisamment fort et affirmé publiquement
- Ce que nous enseignent ces difficultés : des pistes de travail pour peser sur les facteurs d’évolution des modes de production
4.1 Des méthodes d’intervention à renforcer, des dispositifs de travail à reconfigurer pour mieux les articuler avec les dynamiques socio professionnelles
4.2 Augmenter la marge de manœuvre de l’intervenant et la façon dont il est « reconnu » par les agriculteurs, renforcer sa position dans le système d’acteurs du développement agricole
4.3 Renforcer le portage politique : une condition indispensable au travail des agents
Conclusion
Références bibliographiques
Annexes
Si ce rapport vous intéresse, vous pouvez nous en faire la demande par mail. Nous vous enverrons la version pdf.
Contact :
Marie Eraud, Ifrée
marie.eraud (@) ifree.asso.fr